Ce texte publié dans les colonnes de Haïti standard émane de l’un de nos lecteurs. Il n’engage que son auteur animé par l’envie de partager ses idées et réflexions avec nos lecteurs et lectrices.
« Le droit n’a aucune relation avec la vie », et la vie, elle, ne comprend pas le droit. Il y a un vide béant, un rien qui suture l’action humaine au droit ! Aujourd’hui nous vivons notre bio-politique ; le gouvernement tout comme les opposants utilisent le corps des citoyens comme terrain politique! Les gens massacrés deviennent beaucoup plus utiles que ceux qui sont encore en vie!
La création et la multiplication des bandits armés en témoignent de cet espace d’anomie trônant dans un prétendu « état de droit »! Un financement de l’extérieur du droit à son intérieur. L’extériorité inclusive, l’État haïtien parvient à réunir deux forces répressives qui, selon certains, devraient être opposées l’une à l’autre, à savoir : les bandits et l’institution policière.
Le droit comme support sur lequel devrait assurer l’organisation juridique de la société devient facticité (effective) ! Effective puisqu’il se suffit à lui-même ! Il devient pure abstraction ! Qui va juger qui? L’État va se juger d’avoir corrompu et bousillé l’avenir des jeunes? La machine qui crée le banditisme est celle qui en même temps doit garantir le droit et la liberté des Citoyens. Nous sommes pris au piège du vide entre la norme et la réalité!
On sait avec Agamben que « l’aspect normatif du droit peut-être ainsi impunément oblitéré et contredit par une violence gouvernementale qui, en ignorant à l’extérieur le droit international et en produisant à l’intérieur un état d’exception permanent, prétend cependant appliquer encore le droit ». Le président vous dira qu’il lutte pour instaurer un État de droit qui est, en réalité, l’instauration des bandits armés, certains parlementaires qui financent des gangs, se dresseront comme constitutionnalistes et les hommes d’affaires, eux, qui importent les armes pour maintenir le chaos, vous expliqueront qu’ils sont en train de créer des « leaders communautaires » !
Le banditisme et la corruption, notre futur …
Nicodem Jean Baptiste
Le 31 juillet 2019
Port-au-Prince, Haïti (WI)
