INTRODUCTION
L’économie est une science inventée par l’homme, aussi elle devrait être au service de l’homme et non l’inverse, c’est-à-dire qu’elle devrait assurer le bien-être de la population. La plupart des pays de la planète ont opté pour le système Capitaliste. Pourtant c’est un système d’inégalité générateur de crises. Malgré les grandes avancées techniques et scientifiques, la pauvreté n’a jamais été éradiquée et les écarts entre les plus riches et les plus pauvres n’ont pas cessé de se creuser. Une réalité dont fait face la majorité des pays du monde y compris Haïti. Alors que certains mènent une vie de luxe, d’autres meurent de faim chaque année. Face à ces réalités, la société haïtienne devrait se demander si elle a choisi le meilleur système pour assurer son bien-être ; le socialiste ne serait-il pas meilleur ? Une question qui mérite d’être débattue, tant dans les milieux universitaires que publics.
LES DÉFAILLANCES DU CAPITALISME
Le système Capitaliste est un système basé sur la propriété privée des moyens de productions. Ce système a permis à l’humanité de faire d’énormes progrès dans la médecine, l’agriculture, l’industrie etc. Les nombreuses inventions permettent à l’homme de profiter de toute une gamme de biens et services qui lui assurent un certain bien-être. Toutefois, ce bien-être n’est accessible qu’à une partie de la population et le reste se trouve en marge de la société. Il repose sur le principe des marchés qui permettent l’allocation efficiente des ressources par la loi de l’offre et de la demande. Le point de rencontre des deux courbes détermine la quantité de biens à vendre et à quel prix. Cette quantité et ce prix représentent l’équilibre du marché. Mais le problème réside dans le fait que la partie de la population qui ne peut pas payer le bien au prix d’équilibre ne pourra pas consommer ce bien même si elle en a besoin et même si la quantité de ce bien produit est largement supérieure à la quantité vendue. C’est ainsi qu’en Inde, vers la fin des années 1800, des millions d’Indiens mourraient de faim alors que le port de Calcutta exportait du blé. Ces Indiens ont été marginalisés simplement parce qu’ils n’avaient pas le pouvoir d’achat pour le blé.
Une autre faiblesse des marchés est qu’ils ne sont jamais en concurrence pure et parfaite. Cette faiblesse résulte notamment de la formation de Monopoles, de Duopole, de Cartels etc. Ces imperfections causent généralement une hausse du prix du bien et par conséquent une augmentation de la part de la population qui ne pourra pas consommer ce bien. Ce qui nous conduit inévitablement à l’aggravation des inégalités sociales. Ainsi la terre produit assez pour nourrir toute la population mondiale, pourtant selon la FAO, environ 690 millions de personnes souffraient de malnutrition en 2019. Les inégalités ne s’arrentent pas à l’alimentation. Les dix hommes les plus riches du monde ont un patrimoine combiné de 858,1 milliards de dollars, soit plus que les PIB des 85 pays les plus pauvres du monde réunis. Bien que certains courants du système capitaliste prônent une intervention ferme de l’Etat pour réguler les marchés, en Haïti, nous privilégions le courant néo-libéral qui réduit considérablement le pouvoir de l’Etat sur le marché.
UNE ALTERNATIVE AU CAPITALISME : « LE SOCIALISME »
Le développement des contestations contre la pensée capitaliste, débutant de la fin du 18ème siècle vers le 19ème, va donner naissance à une nouvelle école de pensée : le socialisme. C’est un système qui veut que les moyens de production soit la propriété de la collectivité non d’un groupe en particulier. L’histoire nous révèle que beaucoup de pays dont l’URSS, la Chine et Cuba avaient adopté les principes clés de la pensée Socialiste. Le premier cas qui nous intéresse est celui de l’URSS. Sous l’égide de grands leaders dont Lénine et Trotski, la Russie et 14 autres pays d’Europe et d’Asie ont formé à la fin de la première guerre mondiale un immense État socialiste qui durant sept décennies sera l’alter-égo économique, politique et militaire des Etats Unis d’Amérique. Grand vainqueur de l’Allemagne lors de la seconde guerre mondiale, ce pays regroupera autour de lui un immense bloc de pays socialistes (le bloc de l’Est) comprenant notamment la Pologne, l’Allemagne de l’Est, la Hongrie et L’Ukraine.
Plus près de nous se trouve Cuba. Petit pays socialiste qui malgré un embargo politique imposé par les Etats Unis d’Amérique affiche un niveau de vie et de bien être assez stable. Enfin nous ne pouvons ne pas citer la Chine. C’est aujourd’hui (selon le Fond Monétaire International) la première puissance économique du monde. L’État de ce pays a su durant des décennies planifier des politiques économiques globales qui ont fait de ce pays un exemple d’émergence avec des taux de croissance qui atteignent souvent les deux chiffres. Aujourd’hui, même dans les économies qui se déclarent capitalistes, on retrouve souvent des parties ou mêmes des gouvernements à caractère socialistes.
LE SOCIALISME SERAIT-IL LA SOLUTION AUX PROBLÈMES D’HAÏTI ?
Haïti fait aujourd’hui face à de nombreux problèmes sociaux et économiques. Avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant de 756 $ en 2019 et un indice de développement humain le classant 169 sur 189 pays, Haïti est, selon la Banque Mondiale, le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental. La dernière enquête sur la pauvreté (2012), informe que plus de 6 millions d’Haïtiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2.41 $ par jour, et plus de 2.5 millions sont tombés en-dessous du seuil de pauvreté extrême, ayant moins de 1.23 $ par jour. La faute d’une telle décadence est certainement dû en partie à nos politiques économiques. En Haïti, nous essayons d’appliquer les théories néo-libérales. Or les seuls résultats sont l’affaiblissement de notre agriculture, la disparition de nos industries et le déclin de notre économie. Haïti vit une situation contradictoire : la population rend l’Etat responsable de sa situation de précarité tandis que le système néo-libéral oblige l’Etat à réduire le plus que possible ses interventions dans la sphère économique. En ce sens, peut-être qu’il faudrait penser à changer de système et promouvoir une plus grande intervention de l’Etat dans l’économie. Une planification économique à grande échelle selon le modèle Chinois ou Cubain nous permettrait peut-être de sortir de notre état de sous-développement. L’idée d’une Haïti socialiste n’est pas nouvelle. Des auteurs haïtiens dont Jacques Roumain et Jean Price Mars se sont déjà réclamés de ce courant. En 1804, le fondateur de la patrie, Jean Jacques Dessalines avait pensé a institué un système ou les richesses seront propriétés communes et l’économie planifiée à grande échelle. Toutefois aujourd’hui, l’adoption d’un tel système pénalisera les couches les plus riches de la population et représentera un enjeu tant politique qu’économique majeur.
CONCLUSION
Le Capitalisme est un système qui a permis de grandes avancées techniques et scientifiques dans le monde. Toutefois, il est cause d’exclusion et d’inégalités notamment en Haïti où la majeure partie de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Après de très nombreuses décennies à vouloir appliquer le système capitaliste, le pays n’a fait aucun progrès significatif et reste l’un des plus pauvres et inégalitaires du monde. Ainsi, face à la faillite de ce système, l’élite haïtienne devrait se demander quel nouveau système adopter et le socialisme devrait être au cœur des débats.
Auteur : Saïd Suire